Germanika

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Opération Walkyrie suite

Contre-attaque

 

au Blendlerblock

 

 

Une contre-attaque a lieu au Bendlerblock. Fromm Le supérieur de Stauffenberg, paniqué, a donc retourné sa veste en un quart de seconde. Plusieurs officiers, qui jusqu'alors n'avaient pas pris parti, prennent les armes pour combattre les conjurés. De plus, ils appellent des troupes de renfort, alors que les troupes appelées par les conjurés venaient de faire marche arrière.

Fromm s'empresse de faire mettre aux arrêts Beck et Olbricht, dont il était censé être l'allié.

Stauffenberg, blessé au bras, est lui aussi mis aux arrêts.

Fromm donne à Ludwig Beck l'opportunité de se suicider.

Fromm s'adresse avec mépris à Olbricht, Stauffenberg, Quirnheim et Haeften et déclare :  

-Quand à vous, messieurs, il vous reste encore quelques instants pour écrire, si vous le désirez. avant de quitter la pièce. Il  revient exactement cinq minutes plus tard en disant :

-Avez-vous fini, messieurs ? Hâtez-vous, s'il vous plaît, afin que ce ne soit pas trop dur pour les autres. Et maintenant, je vous avise qu'une cour martiale réunie par moi-même, au nom du Führer, a été instituée. Cette cour martiale a condamné quatre hommes à la peine de mort : le colonel d'état-major, Mertz von Quirnheim, le général d'infanterie Olbricht, le colonel dont je ne veux plus prononcer le nom (Stauffenberg) et le ci-devant lieutenant (Haeften).

Le colonel von Stauffenberg  est fusillé dans la cour du bâtiment le soir même de l'attentat par ordre du général Fromm, qui ne souhaite pas que soit révélé le rôle ambigu qu'il jouait dans cette affaire. Il tombe sous les feux des phares d'un camion, avec ses trois compagnons (le général Olbricht, le lieutenant von Haeften et le colonel Albrecht Mertz von Quirnheim.

Fromm éliminerait bien encore quelques membres de la Schwarze Kapelle (les morts ne parlent pas), mais Kaltenbrunner lui a donné l'ordre de cesser toute exécution.

Il descend donc dans la rue pour annoncer:

-Le putsch est terminé. Je viens juste de donner les instructions nécessaires pour annuler Walkyrie. Le général Olbricht et mon chef d'état-major, le colonel Stauffenberg sont morts.

Tant de zèle ne le sauvera pas de la corde: il se retrouvera lui-même quelques heures plus tard dans la même position que les conjurés. En effet, Witzleben et Hoepner  ne l'oublient pas et l'accusent de complicité dans le complot.

Von Hofacker est arrêté à Paris le 26 juillet 1944, condamné à mort le 30 août 1944 et exécuté à Berlin-Plötzensee le 20 décembre 1944.

Le Feldmarschall von Kluge, après avoir reçu l'ordre de se rendre à Berlin, se suicidera le 19 août 1944 sur un champ de bataille de la Marne

 

 

Le procès de la honte.

 

 

Le 7 août 1944, au nom de la justice du peuple, se tient un procès "en règle": les conjurés qui n'ont pas déjà été exécutés le jour même de l'attentat comparaissent devant le juge Freisler.

Bien entendu, Roland Freisler est un Nazi acharné. Depuis 1942, cet érotomane débauché et corrompu est président du Tribunal du peuple (Volksgerichthof).

C'est ce même sympathique personnage qui, en janvier 1942, participe à la conférence de Wannesee au cour de laquelle a été décidée la solution finale concernant le problème juif.

Les accusés comparaissent en haillons, sales, sans chaussures ni bretelles. Ces dignes officiers sont tenus de retenir leurs pantalons pour qu'ils ne leur tombent pas aux chevilles! Tous ont été maltraités, voire torturés durant leur détention.

Le Volksgerichthof, tribunal du peuple allemand, est un enfer de Dante.

Les accusés sont invectivés sans façons.

Au général Stieff, qui réplique posément que sa fidélité au peuple allemand lui faisait un devoir de le débarrasser de Hitler, Freisler réplique immédiatement::"Le Führer et le peuple allemand ne font qu'un ! les schizophrènes (déjà la psychiatrie institutionnelle installait son nid) de votre genre sont inutiles (être inutile sous le III Reich équivalait à une condamnation à mort).

Bien entendu, l'accusation réclame la mort. Les "avocats" de la défense sont assez particuliers. L'un d'eux, par exemple, fera cette intéressante plaidoirie:

"Le verdict a déjà été prononcé par la Providence, qui a empêché la mort du Führer. Aucune voix du peuple allemand n'est favorable aux accusés. Peut-il y avoir meilleur verdict?"

Il est vrai qu'Hitler a toujours bénéficié d'une chance incroyable.

 

Les 8 accusés du procès du 7 août 44 finiront , le jour même, pendus dans une petite pièce de la prison de Plötzensee à des crochets, comme de la viande de boucherie.

La pendaison n'est pas classique, car il faut que les traîtres souffrent. Ils sont donc dévêtus jusqu'à la taille, et une fine corde de piano accroché au crochet les étrangle à petit feu. Ecoeurés, les caméramans refuseront tous de poursuivre leur macabre besogne.

L'insupportable agonie des conjurés dure de longues minutes, sous l'oeil d'une caméra. Les caméramans, écoeurés, refuseront tous de continuer à filmer la scène.

Le soir même, Hitler se régale du spectacle. Triomphant comme un dieu immortel, il applaudit vigoureusement. Goebbels, plus délicat, s'interdit discrètement de regarder la scène.

Et ensuite, se poursuit la traque. Au nom de l'ancestrale loi germanique du clan (une trouvaille de Himmler), on met responsable toute une famille de l'action de l'un des siens. Les familles des conjurés sont donc envoyées dans des camps de concentration, en statut cependant supérieur à l'habituel: ils sont "prisonniers de sang". Concrètement, ils sont des otages que Himmler envisage de négocier, et donc ils sont un peu moins mal traités que les autres détenus. D'ailleurs, ils sont isolés dans quelques baraquements, et interdiction de communiquer est faite entre les prisonniers "VIP" et les autres détenus du camp.

Les aveux forcés des conjurés arrêtés permettent d'autres arrestations.

Les conjurés et leurs sympathisants ne doivent compter sur aucun soutien: la wehrmacht réagit plus que mollement. Tout juste ose-t-elle demander poliment que les militaires impliqués soient traduits devant un "conseil d'honneur", puis jugés, si il y a lieu, par un tribunal militaire.

Le 14 octobre, le maréchal Rommel sera sommé de se suicider. Il aura cependant droit à des funérailles nationales, eu égards de ses états de services.

 

L'amiral Canaris sera envoyé au camp de concentration de Flössenburg et sera pendu le 9 avril 1945

La presse étrangère ne témoigne pas, en général de grandes considérations pour les conjurés. Ainsi The Herald Tribune commente ainsi l'événement:

 

"En général, il ne déplaira pas aux Américains que la bombe ait épargné Hitler et que celui-ci se délivre désormais de ses généraux. Par ailleurs, les Américains n'ont rien à voir avec les aristocrates, en particulier avac ceux qui mettent en honneur les coups de poignards.".

 

En réalité, même après la guerre, les Alliés ont continué à soutenir la thèse (qui était avanr tout celle de la propagande nazie) que durant le nazisme, il n'y avait eu aucune forme de résistance ni opposition au régime. La tentative du 20 juillet 1944 a été réduite au fruit de la conjuration d'un petit groupe d'officiers ambitieux. Ce qui permettait de considérer tous les Allemands comme des nazis et par conséquent, de les traiter comme tels. L'Histoire n'a rectifié la réalité des faits que des années plus tard.

 

 

Extraits de certaines des lettres d'adieu que les conjurés ont écrit à leur famille avant d'être exécutés ou de se suicider:

 

 

"Maintenant, tout le monde va nous tomber dessus et nous insulter. Mais je demeure fermement convaincu que nous avons bien agi. Pour moi, Hitler n'est pas seulement l'ennemi juré de l'Allemagne, mais aussi l'ennemi juré du monde. En entrant dans notre groupe, nous avons tous revêtu la tunique de Nessus (tunique mythologique qui a des propriétés magiques qui une fois revêtue consume de brûlure celui qui la porte).La valeur morale d'un homme ne commence que lorsqu'il est prêt à donner sa vie pour ses convictions"

Testament de Henning von Tresckow peu avant de se suicider.

 

 

"J'espère que ma mort sera acceptée (...) comme sacrifice expiatoire pour ce dont nous sommes collectivement responsables".

Peter Yorck von Wurtenberg à sa femme.

 

 

"Pour une cause aussi bonne et aussi juste, on peut payer de sa vie"

Julius Leber.

 

 

"Nous n'avons fait que penser. Nous serons pendus parceque nous avons réfléchi ensemble;"

Helmuth James von Moltke, fondateur du Cercle de Kreisau.

 

 

 

Conclusion

 

 

 

Les enfants des conjurés sont en général envoyés dans des pseudo orphelinats. On leur change leur nom et on les confie à des pures familles Nazies, autant que possible SS.

Les poursuites contres les conjurés dureront jusqu'aux derniers jours du Reich. Il faudra une bombe américaine, le 3 février 1945, qui tombe sur le Volksgerichthof pour faire taire définitivement Freisler.

Ce Freisler-là, car depuis, d'autres créatures de ce type n'existent-elles pas au sein de nos tribunaux?

Depuis la fin des années '60, le Blenderlock abrite le Mémorial de la Résistance allemande. En 1989, il a été agrandi et rouvert au public.

Sur l'ensemble des officiers impliqués dans l'attentat, 13 étaient porteurs de la Rittenkreuz (Croix de chevalier) de la croix de fer.

 

 

 

Pour compléter

votre information:

 

Livres

 

 

Baumont Maurice ,La grande conjuration contre Hitler,  Edito-service, Genève, 1971

Berben Paul , Ce jour-là: 20 juillet 1944, l'attentat contre Hitler , Laffont, Paris, 1962

Hoffman Peter, Claus Schenk Graf von Stauffenberg und seine Brüder , Verlags-Anstalt, Stuttgart, 1992

 

 

Sur le net

 

 

Une thèse en allemand sur Henning von Tresckow et Stauffenberg: http://home.arcor.de/lessi2306/zula.pdf

 

German Resistance Memorial Center

 

Plötzensee Memorial Center  mémorial de la prison où furent condamné et pendus la plupart des conjurés;



18/05/2006
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